Savoir ?

Publié le 12 octobre 2025 à 01:28

A quoi bon savoir ?

La question ne manque pas de se poser dans le contexte national, international et mondial dans lequel nous nous acharnons, jour après-jour à continuer de vivre comme si de rien n’était.

Il est minuit moins quelques secondes, de la catastrophe politique, de la catastrophe éthique, de la catastrophe climatique.

L’économie quantitative s’adapte aux aléas politiques, capables de maintenir ses règles du jeu quel que soit le contexte.

Les comptabilités nationales se sont toujours employées à enregistrer les dépenses liées à la guerre, avec le scrupule qui sied aux comptables, à ceux-là même qui pensent le monde à travers la jumelle d’un explorateur capable d’entrevoir l’avenir, de se lancer dans des prospectives à 10, 20, 30, 50 ans, écartant toute hypothèse catastrophique.

Il me semble pourtant que nous n’en sommes plus tout à fait là, avec le secret espoir que tôt ou tard, la routine sera à nouveau présente, dirigeant nos vies : en témoignent, ces paroles entendues de Gaza au sortir d’un drame organisé devenu promesse d’enrichissement d’une minorité et de pouvoir de quelques responsables politiques sur le retour.

A quoi bon savoir ?

J’ai passé la dernière année à lire l’essentiel des écrits historiques et quelques essais aussi relatifs à la montée du nazisme, m’intéressant également aux modalités d’installation d’un monde placé sous l’empire du marché des actifs, d’un monde de transaction de plus en plus virtuelles, organisant son propre destin à distance des vivants, peuple d’un monde dont l’extinction ne constitue plus une simple hypothèse.

Nous savons à peu près tout sur tout, pas toujours avec précision, pas toujours dans le respect de règles de vérification scientifiques, des informations dont les sources se révèlent authentiques.

Je pense ici à des évènements, à des individus capables de présenter une analyse fondée sur des preuves ou des modalités de travail objectives. Face à eux, des évènements revisités par des médias capables de transformer une vérité incontestable en hypothèse et l’hypothèse en vérité dont il est interdit de contester la réalité.  

Jamais nous n’avons disposé d’autant de ressources pour appréhender avec un minimum d’objectivité l’histoire et dès-lors organiser la lecture critique d’un présent que d’aucuns aimeraient plus conformes à l’idée qu’ils se font du vrai.

Nous savons et si nous ne savons pas, c’est que nous ne voulons pas savoir parce que le savoir nous oblige à penser l’avenir en dehors du cadre de la raison dominante, une idéologie qui affiche son indifférence au destin individuel, ce que je pense depuis quelques années, comme la fin de l’individualisme et le retour à une lecture globale d’une vie sociale appréhendée du point de vue de sa capacité à aménager des rapports de force à l’échelle de groupes humains présents sur un même territoire ou dans une même sphère d’intérêt économique.

A quoi bon savoir ?

Autant se laisser faire, guider, glisser, emporter, enrôler dans un mouvement collectif qui mène bon nombre d’entre nous au bord de la folie, de la déraison, du renoncement défensif à toute production d’opinion s’écartant d’un cadre idéologique aussi violent dans les effets que marqué par l’absence d’articulation intelligente possible des différents contenus de pensée mobilisés.

L’aporie, le paradoxe, l’impossible sont de mise avec en miroir des vérités, des certitudes et des possibilités d’action guidées par une minorité au service de ses propres intérêts.

Ne nous laissons pas instrumentaliser, émancipons nous dès que nous le pouvons, sortons du cadre lorsqu’il est dangereux pour soi même ou les autres, opposons à la vanité des "sans doute",  les savoirs partagés en s’essayant à les rendre actifs et capables de mobiliser de nouvelles ressources citoyennes unies par la volonté d’arrêter la descente en enfer idéologique, politique, climatique et économique qui n’a plus besoin de s’annoncer pour que nous en sentions dès-maintenant les premiers effets.

Soyons attentifs, actifs et intransigeants dès lors que nous acceptons l’idée que l’issue du processus en cours n’est elle-même pas prévisible quelque soit la portée des effets des politiques qui s’organisent ouvertement, toujours "plutôt" inégalitaires, "plutôt" injustes et "à la limite" de la violence ouverte.

Travaillons à ce que ces étapes aussi réfléchies qu'à pu l'être le projet 2025 actuellement mis en oeuvre aux états-unis, ne viennent pas amorcer un processus de destruction de tous ces repères communs qui auront su contribuer dans l’imperfection qui accompagne toute vie sociale, à notre relatif bien être et à l’idée qu’un autre monde est possible.

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