Question posée à quatre ou cinq des personnes présentes par un des convives. Nous n’étions pas nombreux et la question ne m’a pas été posée ; la discussion a bifurqué avant de pouvoir rencontrer ma réponse « je ne l’utilise pas, par principe, puisque l’IA détruit tout ce qui est vivant, à commencer par les liens, la créativité. L’usage effréné de l’IA détruit nos environnements naturels. »
L’échange a révélé une adhésion à la fois détachée, résignée et enjouée à l’outil.
Outil de productivité ici ; moteur de recherche, là.
Il est utile, incontournable même s’il est amené à détruire des emplois.
L’un parle de quelque chose de terrible auquel il semble cependant possible de s’accoutumer.
Destructeur d’emplois, de ceux qu’occupent alors quelques-unes des personnes présentes ; celles-ci songeant peut-être à d’autres qu’elles, se déprenant de la représentation d'un risque tout personnel, en évoquant aussitôt "les métiers manuels dont on aura toujours besoin ».
Au « c’est sûr que tout cela va évoluer, très vite », répond un « Je suis bien content d’être à la retraite ».
Je n’ai pas estimé utile d’intervenir, laissant les discours s’orienter vers un consensus bientôt silencieux une fois épuisées les arguments favorables à l’outil.
Je ne me sentais aucune légitimité à briser pareille illusion groupale plongée dans un vertige technologique.
Dans cet espace dédié au travail, il n’a pas été question de l’impérieuse nécessité vitale de penser, de l’ouverture apportée par le déploiement d’une imagination par essence sans limite ou par l’accès au rêve.
Les participants au questionnaire improvisé, confrontés aux paradoxes de l’IA, semblent avoir préféré suspendre leur jugement (époché), recourant préférentiellement à une rationalisation capable d’expliquer et de justifier l’ampleur du phénomène et ses effets sur eux-mêmes et sur leurs rôles professionnels.
S’ils m’avaient passé la parole, je leur aurais signalé qu’il est toujours possible de « préférer ne pas » en attendant d’être disposé à la prise en compte des effets concrets de l’IA Pharmakon sur les individus, les groupes, les collectifs de travail, la société et nos gouvernements.
Ajouter un commentaire
Commentaires